Zodiac balance toujours entre ciel et mer

Après un siècle d’aventure industrielle, la marque est passée par de nombreuses activités (l’aéronautique, le spatial, l’automobile, le nautisme) pour se recentrer aujourd’hui sur le marché des équipements et systèmes aéronautiques.

Zodiac trouve ses origines dans la société « Mallet, Mélandri et de Pitray » fondée par Maurice Mallet en 1896. Cet aéronaute de la fin du XIXème siècle a notamment participé au développement de la production des premiers ballons dirigeables de sport et de tourisme. La société changera plusieurs fois de dénomination au cours de son histoire : « Ateliers de constructions aéronautiques Maurice Mallet » (1899), « Société française des ballons dirigeables » (1908), « Société française de ballons dirigeables et d’aviation Zodiac » (1909). C’est en 1911 que le nom Zodiac est définitivement retenu.

Le logo de la marque fait apparaître les signes du zodiaque traversés par un ballon dirigeables. Etroitement liés au ciel, ces signes ont sans doute inspiré le choix du logo d’origine et bien évidemment le nom de la marque, qui privilégie l’orthographe à l’anglaise pour surfer sur la tendance aux anglicismes.

Spécialisée dans la fabrication et la conception d’aéronefs, l’entreprise connaît alors une période d’essor du fait de sa participation à l’effort de guerre : 63 dirigeables sortiront des ateliers Zodiac pour aller combattre les zeppelins allemands jusqu’aux années 1930.

Mais ce n’est qu’en 1934 que l’entreprise développe les premiers prototypes de bateaux pneumatiques, issus de la demande de l’Aéronavale cherchant à trouver des solutions pour faciliter le transport des torpilles et des bombes.

Zodiac passe alors des airs à la mer, et connaitra une renommée mondiale deux décennies plus tard, en 1952, grâce à Alain Bombard, docteur en biologie humaine, et sa traversée de l’Atlantique à bord d’un bateau Zodiac.

Voyant apparaître un certain engouement de la part des français pour la navigation de plaisance, la marque s’oriente vers l’industrie du loisir dès les années 1960 et délaisse peu à peu le marché des ballons dirigeables en même temps qu’elle prend le virage des bateaux destinés au marché civil.

L’internationalisation du groupe commence avec l’inauguration de ses premières filiales en Espagne en 1964 puis aux Etats-Unis en 1970. Zodiac assure ainsi sa politique d’exportation. A cette époque, le nom de « Zodiac » commence déjà à être adopté dans le langage courant comme un nom commun désignant un bateau pneumatique.

Après une première période de crise au début des années 1970, le groupe Zodiac retrouve son équilibre en 1977 sous l’impulsion de son nouveau Directeur Général, Jean-Louis Gérondeau. En 1983, Zodiac devient la première société à être admise au second marché de la Bourse de Paris.

Mais au fil des années, l’aéronautique a repris de plus en plus d’importance. Le groupe a suivi une stratégie d’acquisitions lui permettant d’asseoir des positions de leader mondial sur certains marchés de niche, comme les systèmes de sécurité pour avion (avec l’acquisition d’Aerazur, EFA, Air Cruisers, Pioneer Aerospace), les sièges et intérieurs de cabine (Sicma Aero Seat et Weber Aircraft).

Souhaitant poursuivre sa croissance et son développement dans les activités aéronautiques, le groupe décida même de se séparer de sa branche marine en 2007 (tout en conservant 28% de la branche). Reprise par le fonds d’investissement Carlyle sous le nom de « Zodiac Marine & Pool », la branche comptait diverses activités : fabrication de bateaux pneumatiques, de ballons stratosphériques et d’isolants pour satellites, ainsi qu’une activité axée sur les piscines.

L’année suivante, Olivier Zarrouati succède à Jean-Louis Gérondeau au poste de Directeur Général. Afin de se démarquer de Zodiac Marine & Pool, le groupe prend alors le nom de Zodiac Aerospace et adopte un nouveau logo qui se compose du « Z » rappelant l’ancien logo du groupe, associé au nom Zodiac Aerospace.

Sous cette nouvelle dénomination, le groupe occupe une position de leader mondial sur ses marchés. L’entreprise poursuit même sa stratégie d’acquisitions en rachetant Adder, Driessen et TIA, trois entreprises spécialisées dans l’aménagement de cabines. Depuis 2011, ce sera aussi le tour de Heath Tecna, Contour Aerospace, IMS, NAT, IPS, Triagnosys, PPP, etc.

Une organisation en cinq branches est mise en place dès 2012 : Zodiac Aerosafety, Zodiac Aircraft Systems, Zodiac Cabin & Structures, Zodiac Galleys & Equipment et Zodiac Seats. L’acquisition de Contour Aerospace attribue d’ailleurs à Zodiac Aerospace la position de numéro 1 mondial sur le marché des sièges pour avions commerciaux.

Toujours en 2012, le fonds d’investissement qui avait repris la branche marine sous le nom de Zodiac Marine & Pool cédait les canots pneumatiques militaires au fonds Oaktree ainsi que la plaisance et les ballons à OpenGate. La crise financière et le positionnement « moyenne gamme » de Zodiac (coincé entre le low-cost chinois et les marques premium comme Capelli) expliquent sans doute une chute des ventes de plus de moitié depuis 2008. Il semblerait qu’OpenGate n’ait pas mis en œuvre de plan de redessement offensif et cette nouvelle entité (dorénavant nommée Z marine ou Zodiac Nautic) est aujourd’hui au bord de la liquidation. Le comble pour une marque de bateaux !

Pourtant, le nom reste fortement ancré dans l’imaginaire. Partenaire du Vendée Globe 2008/2009, Zodiac avait permis à l’Organisation, grâce à soixante Pro Open 650, de garantir aux coureurs de disposer d’un plan d’eau parfaitement sécurisé malgré l’innombrable flotte de bateaux accompagnateurs. En 2010, le magazine anglais Motor Boat décernait l’Oscar du meilleur bateau à moteur à son boudin pneumatique N-ZO™. La même année, Zodiac était fournisseur officiel de La Route du Rhum et mettait à disposition des bateaux spécifiques au départ de Saint-Malo. Espérons que Zodiac (division nautique) soit simplement « touchée », mais pas « coulée ».

Marque vieille de presque 120 ans, Zodiac a donc plus de chance d’assurer sa pérennité dans sa vocation première, à savoir l’aéronautique (aujourd’hui Zodiac Aerospace). Mais de façon contradictoire, le nom est devenu un nom commun, à l’instar de mobylette, frigidère ou caddie, pour designer un objet, le bateau pneumatique, qui ne représentait qu’une partie limitée de son activité (la division nautique), depuis sortie du périmètre du groupe (et reprise en juillet 2015 par un trio d’investisseurs français après un placement en redressement judiciaire 3 mois plus tôt). Beau sujet d’architecture de marques !