Ricard, un véritable empire de marques

Le décès de Patrick Ricard est l’occasion de revenir sur la saga, à la fois industrielle et publicitaire, de Pernod-Ricard, véritable empire de marques et numéro deux mondial des vins et spiritueux.

C’est en 1932 que Paul Ricard invente une nouvelle boisson anisée et fonde la maison Ricard, à Marseille. Remarquée dans un premier temps pour sa campagne “ Ricard, le vrai pastis de Marseille“, elle se distingue surtout lorsque son fondateur décide d’employer une stratégie de communication alors peu répandue : le parrainage.

C’est ainsi qu’en 1948, les spectateurs de la Grande Boucle voient apparaitre des véhicules insolites jaunes et bleus depuis lesquels sont distribués des objets publicitaires aux couleurs de la marque. Ricard devient l’un des piliers de la caravane du Tour de France.

L’entreprise se développe rapidement, augmente son chiffre d’affaire et finit, en 1975, par absorber son plus grand rival : la marque Pernod.
À l’époque, le groupe réalise 83 % de ses ventes dans l’hexagone et se distingue déjà par une communication innovante.
Lorsque, en 1968, Patrick Ricard succède à son père à la tête de l’entreprise familiale, il se lance dans une politique d’acquisition audacieuse à l’international. Il enrichit dans les années 80 le portefeuille de marques du groupe en prenant le controle de l’américain Austin Nichols, de l’irlandais Irish Distillers et du vin australien Orlando Wyndham. À cette époque, la marque Ricard adopte le slogan « Un Ricard sinon rien ».

Mais c’est à partir des années 2000 que Patrick Ricard donne réellement une nouvelle dimension au groupe Pernod-Ricard. En 2001, il acquiert 39 % des activités vins et spiritueux du canadien Seagram (les whisky Chivas et Glenlivet, le cognac Martell) avant de racheter Allied Domecq (le gin Beefeater, le whisky Ballantine’s, le champagne Mumm) pour 10,7 milliards d’euros en 2005. Dernier coup d’éclat, il rachète en 2008 le groupe suédois Vin & Spirit, propriétaire entre autres de la vodka Absolut.

En 2011, Ricard renouvelle sa communication avec une nouvelle bouteille (redessinée par Coley Porter Bell) qui était restée inchangée depuis 1932. Cette bouteille présente un socle rectangulaire, un logo gravé dans le verre et une étiquette séparée en trois.

La bouteille est accompagnée d’une campagne de communication dont l’accroche “Un Ricard. Des rencontres.“ est censée symboliser la dimension d’ouverture et de partage de la marque.

Dans le même temps, le groupe opère un virage stratégique en revendant ses marques sans alcool Orangina, Pampryl et Champomy.

Aujourd’hui, Pernod-Ricard est le numéro deux mondial dans le domaine des vins et spiritueux, derrière le britannique Diageo. Quant à la marque Ricard, elle fête ses 80 ans avec une nouvelle campagne qui reprend les dates clés de l’histoire de Pernod-Ricard et revendique, sur un ton connivent, le caractère immuable de la marque et de sa recette avec l’accroche “80 ans et toujours jaune.“